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Le Cercle des Périls - Extrait

KÉLAL

Dans une des vallées du clan de Namuu, en pays ounan.

Kélal était furieux.

Avec trois autres guerriers de son clan, lors d’une ronde à cheval autour de leurs terres, il avait découvert le cairn où étaient enterrés leurs aïeux, profané.

Alors qu’ils marchaient au milieu des pierres retournées et de la terre éventrée, il découvrit que la tombe de Kadagan, sa grand-mère, avait été ouverte, les bijoux et parures enlevés à ses restes, et surtout que sa lance de bronze avec laquelle elle avait vaincu tant d’ennemis avait disparue également.

 

Surmontant sa douleur, il envoya Janaï et Durmahl au village prévenir les cheffes. Comme la profanation semblait récente, quelques heures tout au plus, lui et Sartak se mirent à explorer les signes laissés par les pillards et commencèrent à les pister. Aux traces, ils déterminèrent qu’il s’agissait d’une quinzaine d’individus avec des chevaux.

Tandis que Sartak et lui progressaient, une pensée en arrière-plan le turlupinait : seule la tombe de sa grand-mère avait été retournée et volée, alors que d’autres contenaient également des bijoux et armes sacrées.

Avec nostalgie, il revit sa grand-mère maniant sa lance avec une habileté qu’il n’égalait que dans ses rêves. Les anciens disaient que cette fameuse lance ne pouvait être brisée et que c’était aussi la raison des nombreuses victoires de la grande Kadagan.

Après plus de quatre heures, ils rattrapèrent la piste des profanateurs : dans un petit hameau qui bordait le fleuve Aguu-us, un navire recevait des marchandises chargées par une vingtaine d’individus. Kélal reconnut des Kémali à leur flamboyante chevelure rousse et à leurs habits à motifs géométriques, ainsi que des Ounans. À leurs habits, il les identifia comme appartenant au clan Enjiin, voisin du leur. Il détermina qu’il s’y trouvait cinq personnes armées, le reste étant des

manoeuvres.

— Il faut les empêcher d’embarquer.

Sartak fit non de la tête.

— Je ne risquerai pas ma vie pour une lance, c’était ta grand-mère, pas la mienne.

Les deux jeunes hommes se défièrent du regard, et Sartak fit faire volte-face à son cheval, s’éloignant du hameau. Kélal secoua la tête, désappointé mais peu surpris.

En tant qu’orphelin et sans plus de famille pour le soutenir, il n’avait pas d’ami parmi les autres guerriers du clan, et il n’était lié à aucun d’eux via des liens matrimoniaux ou de serment de fraternité.

Menant son cheval par le licol, Kélal se rendait auprès du maître du navire quand il ressentit une torsion dans l’estomac; son regard fut attiré vers un paquet tout en longueur, enveloppé de tissus, porté à dos de cheval : il sut que la lance de sa grand-mère était là. Il ressentait son appel. Ses pas le dirigèrent vers elle, mais deux hommes du clan Enjiin s’interposèrent :

— T’es un Namuu ! ‘Te mêle pas de nos affaires !

Le plus grand leva son arme. Kélal para, esquiva le deuxième et se précipita vers le paquet. Il sentit la lance se glisser dans sa main et se retourna juste à temps pour dévier un coup. L’électricité sembla l’entourer, grisante.

Une exaltation comme il n’en avait pas connu le saisit, et... une horrible douleur à la tête lui fit voir noir.

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© 2024 by Keot Vincent.

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