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Comment écrire une scène de combat efficace

Une bonne baston, tout le monde aime ça, enfin, dans la fiction (quoique…) Aussi, comment en mettre une en place ?

Voici 8 poings...points pour des scènes de combat percutantes.

C'est pour ça que je suis écrivain et pas dessinateur



1. L'environnement


Où se bat-on ? Dehors ? Dedans ? Décrire l'endroit où les personnages combattent permettra de colorer l'action et la rendra plus tangible au lecteur.


Si Prysme et Atènn s'affrontent (oui, j'utilise mes personnages en exemple, c'est pour que vous fassiez connaissance), il vaut mieux préciser où : dans une forêt kertyre, en fin d'hiver, au petit matin, quand l'humidité est présente et que les feuilles mortes forment des couches glissantes sur les sentiers boueux. Et là, vous visualisez le décor, et inconsciemment, vous avez les sensations (l'odeur d'humus, les sons de la forêt, le frisson dû à la température, etc.).


Les conditions climatiques affecteront le combat : s'il pleut d'un coup, Atènn aura plus de mal à percevoir Prysme, et si ça tombe vraiment dru, peut-être ses mouvements seront-ils ralentis par le froid. Si au contraire il fait très chaud, la sueur lui coulera dans les yeux ou rendra ses paumes moites, ce qui pourra occasionner la perte de son sabre.


De plus, les personnages (et l'auteur) devront faire attention : le décor et les accessoires, comme sur une scène de théâtre, pourront jouer un rôle. Si on prend l'exemple d'une "classique" bagarre de taverne, les tables, chaises et les autres consommateurs serviront d'obstacles (ou d'armes improvisées). Avec un peu d'imagination, tout peut être une arme.


Enfin, y a-t-il d'autres personnages qui assistent ou interviennent dans le combat ? Ils serviront d'adjuvants ou d'opposants, de distraction, ou bien de témoins ou commenteront la scène. Si Adrienne ne regarde pas Rocky se battre, alors il perd sa motivation, et d'un point de vue narratif, elle est là pour rappeler au spectateur que si Stallone distribue des pains, c'est par amour.

T'es beau, Rocky, quand tu souffres



2. Décrire… avec modération


Levant sa jambe gauche, Averell frappa Joe d'un high-kick aisément paré; Joe gratifia Averell d'un uppercut et lui fit un armlock et Averell se dégagea et frappa son frère, qui lui mit un coup de tête et ensuite, lui mordit l'oreille et, et, et,... et qu'est-ce qu'on se fait suer !


Ne décris pas tout le combat dans les détails ! Un affrontement se déroulant sur huit pages n'a rien de passionnant. Sauf si ça se passe dans la Matrice, ou dans une dimension où le temps diffère, si tu détailles chaque seconde de combat, tu vas perdre ton lecteur.


Selon le rôle de la scène dans l'histoire, si quelques détails précis et frappants_Haha._

marquent le lecteur, tu peux très bien employer des expressions ou des termes plus génériques comme :

Averell et Joe échangèrent une série de coups… Zorro et le sergent Garcia croisèrent le fer férocement jusqu'à ce que Bernardo n'intervienne… Conan massacra son adversaire.


Cela a l'avantage de garder le lecteur attentif et de faire travailler son imagination. Avec une description, il faut en donner assez pour que le cerveau ait du grain à moudre, mais il ne faut pas le gaver.


3. ...Mais bien décrire


Il s'agit d'utiliser le vocabulaire à bon escient. Déjà, se renseigner un minimum et adapter les termes de combat au genre et à l'époque (ou assimilé) dans lequel on écrit.


Un roman de cape et d'épée sera plus crédible si l'auteur a fait des recherches sur l'escrime et le type d'armes utilisées (beaucoup de gens confondent la rapière avec le fleuret ).


Dans l'histoire d'un spécialiste en arts martiaux au XXIème siècle, oui, le gars va te faire un mawashi-geri, mais en pleine quête médiévale, pitié, ne dis pas que ton personnage a "un sacré jeu de jambes" : on n'est pas là pour écrire un manuel de boxe ou de selfdefense.


Donc, n'inonde pas ton lecteur de termes techniques "pour faire genre" (surtout si ce sont toujours les mêmes qui reviennent,_ C'est toi que je vise, Anita Blake._)ou qui trahiront ton passif : je pense ici à David Gemmel, dont, quand on lit sa prose, on devine aisément que le gars a pratiqué la boxe. Ce qui est bien; sauf quand il emploie des termes spécifiques de boxeur à des personnages celtiques.


"Petit-Jean balança un uppercut au garde, le mettant K.O". sortira immédiatement le lecteur de l'histoire, à la place on mettra plutôt :"Petit-Jean cueillit le garde au menton, ce dernier s'effondra dans la fange de Nottingham."

Sacré Petit Jean


4. Les gros "NIET"


J'ai souvenance d'un texte où deux épéistes s'affrontaient et enchainaient les bottes, et l'un d'eux se remémorait un événement qui s'était passé des années plus tôt. Et la description de ce souvenir s'étalait sur trois pages ! Cela m'a sorti immédiatement de l'histoire.

Bref… PAS DE FLASHBACK PENDANT UN COMBAT !

Avant, oui, quand on va amener le lecteur à découvrir pourquoi et comment le personnage en est arrivé là; après, aussi. Mais un flashback (surtout abominablement long) pendant l'affrontement va simplement casser le rythme du récit.


Je ne le dirai jamais assez, un combat, en vrai, c'est rapide. Donc, sauf en duel picaresque comme dans Princess Bride ou n'importe quel roman de cape et d'épée... ON NE RACONTE PAS SA VIE À SON ADVERSAIRE !

Votre héros peut envoyer une ou deux piques bien senties à son ennemi pour l'agacer et le déconcentrer_Ce que fait Spiderman contre le Rhino_ mais qu'il ne passe pas trois paragraphes à se vanter de la longueur de sa grosse épée ou comme quoi il est "le meilleur bretteur de l'Académie jedi".

"Quand on se bat, on raconte pas sa vie." Si vous voulez comprendre la référence de Camus, c'est .



5. Exploiter son expérience ou se la forger


Les scènes de combat sont parfois difficiles à mener, parce qu'on peut très bien n'avoir aucune expérience dans le domaine. Ce n'est pas un problème. On peut :


Se forger son expérience : même minime, cela apportera toujours un plus à ton récit. Assister ou s'inscrire (quand ce sera possible à nouveau) à un cours d'arts martiaux ou de sport de combat, participer à des GNs (Jeux de Rôle Grandeur nature) ou assister à des reconstitutions historiques permettront d'éprouver un peu les sensations de vos personnages et de donner à vos texte un goût de véracité.


Développer ses connaissances :

Les recherches, il n'y a que ça de vrai. Pour éviter les grosses boulettes, un petit tour sur le Net est toujours de bon aloi. Il y a également des sites spécialisés et des forums ou encore des chaines de vulgarisation. Et l'on peut évidemment interroger des spécialistes.


Pour le rythme et le déroulement des combats, on peut s'inspirer des matchs auxquels on a assisté ou bien de films d'action (les combats des films de la série Jason Bourne sont particulièrement bien chorégraphiés).


Enfin il s'agit d'amplifier son vécu :

De même qu'un dessinateur, même taillé comme une crevette, pourra dessiner un bras de superhéro bien musculeux, de même tu pourras utiliser ce que tu as éprouvé dans la vie pour le retranscrire en fiction.


Je m'explique : tout le monde s'est déjà cogné le tibia dans une table basse. Il n'y avait aucune force dans le mouvement. Imagine un coup porté à pleine puissance par la jambe d'un adversaire dans ce même tibia. Et voilà, maintenant, tu sais combien ton personnage souffre.


Je ne pratique pas l'équitation, mais j'ai déjà monté deux ou trois fois, j'ai interrogé des cavalier.e.s et j'ai fait des recherches sur l'équitation et les chevaux pour développer mon vocabulaire dans ce domaine. Résultats : mon texte tient la route et surtout, mes cavaliers sont crédibles.


6. Sentir le combat (et la sueur)


J'aime la vérité d'une scène de combat, où le personnage est entier. Pour cela, deux choses importent : le rythme, et les sens (comme pour une scène d'amour, en fait; il y a beaucoup de similarités).


Le rythme :

Un combat, c'est rapide, vif. Cette vivacité, tu peux la transcrire par un texte adéquat : comme on l'a dit, pas d'affrontement s'étalant sur six pages.

Bref, on a dit


Ensuite, au niveau technique d'écriture, préfère des phrases brèves, voire des nominales.

Et utilise des verbes d'action.


"La {lame} amorça un mouvement de retour, Prysme plongea sur son adversaire, l'emporta au sol."

L'Uni _Prysme et Le Mage.


Trois actions, trois verbes. Pour la scène entière, douze lignes ont suffi.


L'environnement comme on l'a dit plus haut, permettra de se figurer le décor, ajoutant aux sensations que le lecteur imaginera éprouver. Plus l'environnement sera caractérisé, plus cela aura d'effet : La chaleur écrasante d'un désert, les embruns en bord de mer, une ruelle puante d'un quartier mal-famé… Pas besoin d'en faire des tonnes, quelques touches suffisent.


Les sens :

Dans une scène de combat, on doit éprouver le combat. Miser sur les sensations physiques:


L'impact des coups, la vitesse, les muscles qui se crispent et se détendent, le souffle de l'adversaire sur le visage…pour le toucher.


Pour l'ouïe, on travaillera le son des frappes (métal sur métal ou chair contre chair), les jurons, les cris, les grognements, le sifflement dans les oreilles quand on est sonné...


Pour le goût et l'odorat : la sueur, le sang, la bile qui remonte…


Et pour la vue, signaler les mimiques, les mouvements à la périphérie du champs de vision (parce que quand je me bats, je regarde mon adversaire, mais je ne me focalise pas sur une partie de son corps en particulier), un éblouissement suite à un coup à la tête...


Toutes ces petites précisions permettront d'induire des émotions chez le lecteur et de transmettre les émotions des personnages :

L'épuisement physique pourra induire le désespoir ou le découragement, au contraire entendre son adversaire geindre pourra faire jubiler ton personnage ou lui remonter le moral.

Il faut savoir exprimer ses émotions



Sans oublier le côté enivrant du combat et les effets de l'adrénaline ou de la colère.

Les sensations, les émotions et les pensées influent les unes sur les autres, et il faut garder cela à l'esprit quand on écrit une scène de combat.


Comme le dit un sage de ma connaissance :

"Nous sommes des corps pensants et des pensées corporées"



7. Gérer l'après-bagarre


Une bonne bagarre, c'est comme le sexe, ça détend; mais après, il faut nettoyer ( Oui, je suis un grand romantique). Je vois deux grandes façons de gérer le retour à la normale :


La coupure franche et directe :

Tout ce que tu voulais dire a été dit, et le reste se devine aisément.


Rocky leva le bras en l'air, victorieux, tandis qu'Adrienne pleurait de joie. Fin.


La redescente d'adrénaline, le retour à des perceptions normales :

La dure réalité reprend ses droits et il va falloir assumer (subir) les conséquences du combat.


L'adolescent dégagea avec effort ses doigts des chairs amalgamées et repoussa le cadavre en arrière, l'estomac au bord des lèvres. Avec un gémissement de peur rétrospective, il quitta les lieux aussi vite qu'il le put; il avait reçu, en plus des coups de couteau au bras, des coups de poings au ventre et à la tête, et à présent, la douleur remontait. Il retourna chez lui la frousse aux tripes et se barricada.

L'Uni_ Prysme et Le Mage


Le pauvre garçon est ici physiquement épuisé, émotionnellement chamboulé. Les répercussions du combat sont plus importantes dans l'histoire que le combat lui-même. D'où nécessité de s'attarder dessus.



8. Viser un point précis

Les yeux, Bouh, vise les yeux !


Enfin, dernier conseil : ta scène de baston était bien sympa à écrire, mais est-ce qu'elle apporte quelque chose à l'histoire ? (C'est comme une scène de uc, si ça ne fait pas avancer le schmilblick, garde-la pour toi).


Une blessure grave, un handicap ou une mutilation (Coucou Jaimie Lannister !) peuvent mener à une évolution des personnages.


Ta scène amènera-t-elle une réalisation importante ? Un changement dans les sentiments des personnages, un développement dans le scénario ?


Bref, une bonne scène de combat, comme n'importe quelle scène, d'ailleurs, doit faire progresser ton histoire et l'enrichir.


Conclusion :


Et voilà, c'était mes conseils pour écrire une scène de combat efficace et crédible !


En résumé, pense à prendre en compte l'environnement du personnage, sois modéré et précis dans tes descriptions, n'abreuve pas le lecteur de flashbacks ou de longueurs inutiles. Fais des recherches et exploite ton expérience. Mise sur les sensations et les émotions, et vois comment tu gères l'après-coup.


Tout cela évidemment, est à prendre et à adapter selon ton style d'écriture. Et toi, quels sont tes conseils pour une bonne scène de baston ?






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